La AAW, All American Weed; était une pure merveille. Du cannabis produit par de fiers fermiers du Colorado pour satisfaire les besoin des honnêtes citoyens. Vendu majoritairement sur la côte ouest, elle peinait à faire son entré dans le marché de l’est, et particulièrement à Gotham. Dans la cité, les camés avaient déjà leurs petites habitudes, ou préféraient se défoncer le cerveau avec des produits plus fort ou plus dangereux.
Con’ ne comprenait pas ce besoin de détruire les neurones à grand coup de poudre blanche. Mais il comprenait qu’un gramme de AWW se vendait contre des billets. Bien entendu, lui, ne vendait pas - du moins pas encore.
Entre les dealers qui étendait leurs territoires à coup de 9mm et les flics qui ramassaient chaque soir des dizaines de passeurs, le ratio argent/risque n’était pas bon.
Ce qui payait, en revanche, c’était d’étendre le territoire d'autrui, et pour ça, Connor était particulièrement doué.
Dans la majorité des cas, il suffisait de secouer “un peu” les revendeurs pour leurs faire abandonner leurs marchandises sur place. Si ça ne suffisait pas, Con’ leurs brisait les genoux.
Ce soir encore, l’irlandais arpentait les ruelles à la recherche de rotule fragile. Sa capuche enfoncée profondément sur son crâne, les mains bien au chaud dans des gants d’UFC. Du coin des lèvres, il tirait sur un join fraîchement roulé tout en fredonnant un air de country.
Il tourna entre deux grandes tours d’habitations. En écoutant les “on-dit” et les “pssst, tu veux d'la frappe sa mère ?”, il avait découvert qu’une transaction importante aurait lieux ici ce soir. C’était l’occasion pour lui de faire d’une pierre deux coup ; éliminer la concurrence et récupérer du matos à vendre.
Dans la ruelle, les néons d’un sex-shop étaient la seule source de lumière, les lampadaires ayant été éventrer pour leur cuivre. Il détailla rapidement les lieux ; les égouts débordaient sur des poubelles renversées, les rats étaient sur-alimenté et ne semblaient pas le craindre, au fond deux être humains. Ces derniers semblaient dans une position plus que suggestive. Sa cible était entrain de se faire une pute.
Un dilemme frappa alors Connor. Interrompre un homme alors qu’il rendait hommage à une belle, c’était loin d’être correct. Tout autant d'interrompre une honnête travailleuse durant l’exercice de ses fonctions. D’un autre côté, il n’avait aucune envie de rester sous la pluie à attendre que monsieur daigne terminer son affaire. Alors qu’il jaugeait le pour et le contre, il détaillait du regard une guitare électrique laissée à l’abandon. L’objet était trop usé par l’eau, le temps et les rats pour être revendu.
SBAM !
Il sursauta, quelque chose venait d’avoir mal au fond de la rue. Et ce quelque chose était une prostitué. Un homme en “tenue de justicier” la tenait par la gorge contre un mur. Vêtu de noire et arborant l'emblème de la Chauve-sourie sur le torse. Le client, lui, ne semblait pas bouger. Con’ grogna. Il n’avait jamais tenue les membres de la “Bat-familly” en très haute estime. Ce n’était pour lui que des guignoles imposant leurs visions de la loi et de la justice. Bien entendu, ils sauvaient parfois des vies, mais à quel prix ? Seuls les criminels les plus coriaces leurs survivaient, laissant dans la nature le pire de la race humaines. Les héros n’étaient que des machines à produire du criminel haute-gamme.
De quel droit un groupe pouvait mettre des masques et imposer sa vision de la moralité aux autres ? L’histoire américaine avait connu des dizaines de groupuscule du genre, le KKK, le BPP, la légion noire. Tous avaient leur vision de ce qui était ou non un crime. En l'occurrence, le seul crime apparent de Madame-couche-toi-là, n’était que de vendre son corps. Sur le papier, c’était interdit. Mais cela vallait-il vraiment l’intervention d’un “héro” masqué ? Con’ en doutait. Elle méritait un PV, tout au plus… et encore. A Gotham tout le monde finissait par vendre son cul, de manière plus ou moins métaphorique.
Il se saisit du manche de la guitare délaissée et s’approcha du duo qui se battait. La demoiselle venait de mordre le bras de son agresseur masqué. Ce dernier ne semblait pas vouloir lâcher prise. Armant son coup, il hésita une dernière seconde. Frapper un “héro” n’était pas dans les “15 conseils pour avoir une vie tranquille à Gotham.”. Finalement, un “Shponk” en do-mineur retenti dans la ruelle. “”Bat-agresseur” lâcha prise, visiblement sonné par l’attaque surprise dirigée dans sa nuque.
Con’ n’eut pas le temps d'apercevoir le visage de la fille de joie avant que celle-ci ne s’élance en fuyant. Il n’y prêta pas plus attention que ça. Un second coup de guitare sur l’arrière du crâne envoya “Batchose” au tapis.
Un dernier coup de rangers le mit K.O définitivement. Lachant son arme improvisée, Connor prit le temps de détailler les alentours. Le début de bagarre avait fait fuir les rats, l’homme qu’il avait prit pour un client était bien sa cible, et il gisait la nuque déchiqueté sur le sol.
“Merde !”
Il venait de comprendre son erreurs. La pute n’en était pas une. “Bat-surlesol” était vraiment le “gentil” de l’histoire. Et lui se retrouvait avec un dealer égorgé et un “héro” K.O sur les bras.
“Merde !”
Il ne pouvait pas laisser “Bat-K.O” comme ça, mais appeler les urgences directement nuirait à son “identité secrète”. Ce fasciste à chauve-sourie avait probablement une famille qui ne voudrait surement pas payer pour les erreurs d’un père ou d’un frère.
Sans la moindre précaution, il entreprit d’enlever le costume de sa victime. Un “crack” lui laissa présager qu’il venait de lui luxer l’épaule. Sous le masque se trouvait le visage d’un homme à la peau noire, alors qu’un scénario se formait dans le cerveau de Con’.
Il balança le Bat-costume de “Bat-nègre” dans un sac poubelle et ramassa le téléphone encore allumé de l'égorgé.
Tout en s’éloignant, le sac poubelle sur l’épaule, il composa le numéro des urgences.
“Oui, bonjour, je viens d’assister à une bagarre entre deux dealers…”
Un instant il regretta le sachet d’AAW qu’il avait inséré dans le fondement du “Bat-dealer”. Avant de recentrer son esprit sur ce qu’il portait. Qu’allait-il faire du costume ?